La désobéissance aide à redéfinir la politique agricole.
La désobéissance politique est toujours légitime sous un régime autoritaire. On pourrait se dire qu'en démocratie, la désobéissance n'est peut être pas nécessaire. A priori, les lois sont censées être l'expression de la volonté générale, elles sont votées par des représentants démocratiquement élus.
Pourtant certaines lois sont l'expression d'intérêts privés. Et des élus influents et influencés peuvent également changer les futures politiques agricoles dans le bon comme dans le mauvais sens simplement par des mots, des phrases relayées par les medias. Il en est bien entendu de même pour tous les domaines de notre société.
La bio ( ou agriculture biologique) est arrivée petit à petit sur les étals. Ce mode d'agriculture a prouvé que l'on pouvait produire des fruits, des légumes, des semences sans intrants de synthèse, sans revenir à l'âge de pierre.
La part de bio dans la surface agricole utile totale en France est passée de 2,03% à 10,7% en quinze ans, et de plus en plus de Français réclament ces produits.
Il faut remercier tous ces militants, faucheurs d'OGM, syndicats, amoureux de la nature qui ont désobéi, tous ces agriculteurs qui avaient compris que la terre n'est pas qu'un substrat inerte auquel il faut ajouter des fertilisants issus de la pétrochimie et des pesticides pour pouvoir nourrir le monde.
Au fil des ans, des outils et des techniques culturales sont nés ou ont été remis au goût du jour pour faciliter le travail des agriculteurs bios; des instances gouvernementales ont même mis en place des programmes de recherches sur la vie des sols, sur l'adaptation des semences, …
De nombreuses entreprises ont pu voir le jour et proposer des produits, des méthodes alternatives face à des géants de la chimie comme BASF, Bayer, Corteva Agriscience, FMC et Syngenta qui soignent aussi bien les plantes que les hommes avec des dommages parfois irréversibles à l'échelle humaine sur notre monde, qui est un monde fini, n'en déplaise à certains milliardaires comme Elon Musk ou Jeff Bezos qui proposent de s'installer sur mars ou sur des stations orbitales.
La vulgarisation de ces techniques permet aujourd'hui notamment grâce à la toile, aux rencontres, au bouche à oreilles, de faire évoluer dans le bon sens nombre de pratiques agricoles, même chez des collègues qui travaillent en agriculture dite "conventionnelle".
L'agriculture bio n'aurait pas dû exister, mais l'homme s'est trop éloigné de la nature depuis quelques siècles et il est même trop souvent en train de la détruire juste en faisant des échanges et du commerce.
Aujourd'hui l'agriculture biologique marque un léger coup d'arrêt et même une baisse des ventes. La faute, notamment, à l'inflation.
Mais aussi aux médias, et à notre président Emmanuel Macron qui par exemple estime que la France ne peut pas compter uniquement sur les circuits courts et le bio pour se nourrir tout en visitant une serre chauffée, où poussent des tomates hors sol.
...et merci aussi à la grande distribution qui enlève des produits bio de leurs rayons tout en éparpillant les consommateurs vers des labels, des produits qui se disent « verts », « équitables », « durables », ou encore « à Haute valeur environnementale » (HVE).
Si l'on veut du vert dans nos assiettes, des cours d'eau sans pesticides et être en forme sans avoir recours trop souvent aux médicaments estampillés Bayer, BASF…il va peut être falloir de nouveau désobéir.
Aurélien, producteur du Biau Germe